Le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, s’est éteint ce mercredi 10 mars en Allemagne des suites d’un cancer à l’âge de 56 ans. Il avait été évacué de Côte d’Ivoire pour raisons médicales le 18 février après une aggravation rapide de son état de santé. Hamed Bakayoko, pilier de la politique ivoirienne, du RDR puis du RHDP, jouissait depuis longtemps d’une forte popularité.
C’est à l’applaudimètre qu’on pouvait mesurer la popularité d’« Hambak », comme il était surnommé. Comme ce soir d’août 2019 dans le stade d’Abidjan archicomble, lors des funérailles nationales de DJ Arafat qu’il appelait son « fils ». Il avait longuement pris la parole pour improviser, émotion dans la voix, un hommage au roi du coupé décalé.
« Hamed », comme les Ivoiriens l’appellent souvent, n’était pas un grand orateur, mais il avait les qualités d’un tribun, la voix, la stature, le charisme. Il parlait à tout le monde, même lorsque la Côte d’Ivoire était divisée en deux camps irréconciliables, rendait des services, cultivait ses réseaux dans tous les milieux : politique, artistique, sécuritaires, diplomatiques.
Cette popularité, sa famille politique l’a utilisée comme un atout. Mais elle inquiétait aussi parfois jusque dans son propre camp. Parce que l’histoire d’Hamed Bakayoko est celle d’une ascension balzacienne, favorisée notamment par la confiance de Dominique Ouattara, l’épouse du président, puis du couple présidentiel. L’histoire d’un garçon qui, le baccalauréat pour seul diplôme, sera successivement leader étudiant, journaliste, patron de radio, député, maire d’Abobo, ministre de l’Intérieur, de la Défense, puis Premier ministre.
On s’est rapproché parce qu’on avait des points communs. Des enfants du peuple qui ont commencé très bas et qui sont montés, à force de travail, d’abnégation et de résilience, qui se sont construits. On avait cela en commun, cela nous a rapproché.
Certains lui attribuaient des velléités présidentielles, notamment après la mort de son prédécesseur, Amadou Gon Coulibaly, en juillet 2020. C’est de toute façon Alassane Ouattara qui a alors remplacé son dauphin. Hambak pensait-il ensuite à la présidentielle de 2025 en se rasant le matin ? « Non, j’aime bien ma vie telle qu’elle est », répondait le Premier ministre aux journalistes, il y a quelques semaines encore, sans convaincre. Hamed Bakayoko venait d’être réélu député, malgré son absence, à Séguéla.
Avec RFI