Liban : le Premier ministre Moustapha Adib renonce à former un gouvernement
Moustapha Adib était ambassadeur du Liban en Allemagne depuis 2013 (illustration).
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Coup de tonnerre au Liban. Désigné Premier ministre il y a moins d’un mois, Moustapha Adib a renoncé samedi 26 septembre à former un gouvernement de « mission » composé de ministres « indépendants », comme souhaité par la France, après avoir fait face à l’obstination de certains partis au pouvoir à préserver leurs acquis.

Ce diplomate peu connu ? il était ambassadeur du Liban en Allemagne depuis 2013 ? a été propulsé sur le devant de la scène lorsqu’il a été désigné le 31 août chef de gouvernement pour remplacer Hassan Diab, dont le cabinet avait démissionné après l’explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Sa nomination avait été parrainée par un groupe d’anciens Premiers ministres, et était intervenue à quelques heures de la deuxième visite du président français Emmanuel Macron au Liban, au cours de laquelle il a pressé les principaux responsables politiques à former un gouvernement de « mission » « au plus vite ».

Impossibilité de constituer une équipe consensuelle

Le principal obstacle venait du mouvement chiite armé pro-iranien Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise, et de son allié Amal, dirigé par le chef du Parlement Nabih Berri, qui réclament le portefeuille clé des Finances.

« Calme, poli et diplomate »
Marié à une Française et père de cinq enfants, cet homme de 48 ans est né à Tripoli, dans le nord du Liban. Il est musulman sunnite, dans un pays où le pouvoir est partagé entre les communautés religieuses. Selon la Constitution, le poste de chef de gouvernement est dévolu à la communauté sunnite. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques, Moustapha Adib a mené « des recherches dans les domaines de la sécurité (…), de la décentralisation et de la démocratie locale, ainsi que des lois électorales », selon le site de l’ambassade du Liban à Berlin.

« Dans son parcours professionnel et personnel, il a toujours été un universitaire appliqué, un homme au tempérament calme, poli et diplomate », affirme un proche, sous le couvert de l’anonymat. De 2000 à 2004, il a été conseiller de Najib Mikati, un milliardaire et ancien Premier ministre originaire comme lui de Tripoli.

Rejeté par la rue
Dans un geste qu’il avait voulu symboliquement fort, le nouveau Premier ministre s’était rendu le jour de sa désignation dans un quartier dévasté par l’explosion au port de Beyrouth, qui a tué plus de 190 personnes et anéanti des quartiers entiers de la capitale. Ni le président Michel Aoun ni l’ex-Premier ministre n’avaient visité ces quartiers. En chemise et pantalon, l’air décontracté, Moustapha Adib avait été à la rencontre de plusieurs habitants, leur demandant de lui faire « confiance » et de travailler « main dans la main ».

Alors que certains habitants ont salué cette démarche, d’autres l’ont hué, scandant des slogans phares de la contestation déclenchée en octobre dernier pour exiger le départ de l’ensemble d’une classe dirigeante jugée corrompue et incompétente.

Sur les réseaux sociaux, des militants avaient rapidement comparé Moustapha Adib à son prédécesseur Hassan Diab, qui avait promis en vain en janvier de diriger un premier gouvernement de technocrates indépendants des partis traditionnels au pouvoir.

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