La mine d’Akouta exploitée par Orano (ex-Areva) a épuisé ses ressources en uranium. Le site d’Imouraren prendra-t-il le relais ?

Les deux mines d’uranium nigériennes du français Orano (ex-Areva) sont mal en point. L’une, la Cominak, arrêtera sa production le 31 mars 2021; l’autre, la Somaïr, également en fin de vie, a fortement réduit la voilure et le nombre de ses salariés. Les mines du Niger s’épuisent et d’autres sites, hier présentés comme prometteurs, sont devenus trop chers à exploiter. Ils ne sont plus compétitifs depuis la chute des cours de l’uranium. Un millier d’emplois perdus La Cominak (Compagnie minière d’Akouta), filiale nigérienne du groupe français Orano, et propriété à 31% de la société minière nigérienne Sopamin, a produit plus de 70 000 tonnes d’uranium (source Orano) depuis 1978. Sa fermeture laisse 600 salariés sans emploi, sans parler des nombreux sous-traitants et de l’impact environnemental. La compagnie a prévu un plan social : ses employés toucheront entre 20 et 60 millions de francs CFA (de 30 000 à 91 000 euros). Pour Niou Amadou, secrétaire général du Syndicat national des mines (Synamin) à la Cominak, ces enveloppes ne suffiront pas. Il faut un plan de relance économique pour la région… Le Niger peut également compter sur la Chine, gros consommateur de yellow cake (concentré d’uranium de couleur jaune). La société chinoise Sino-Uranium a produit ses premiers fûts d’uranium début 2011 à partir de la mine qu’elle a ouverte près d’Azelik, à 150 kilomètres au nord-ouest d’Agadez. Une production divisée par quatre Chaque année, EDF a besoin d’environ 8 000 tonnes d’uranium naturel pour faire fonctionner ses centrales. Celui-ci provient d’Australie, du Canada, du Kazakhstan et du Niger. Orano/Areva fournit près de la moitié de cet uranium naturel nécessaire aux centrales françaises. En 2011, année encore florissante pour le nucléaire, juste avant la catastrophe de Fukushima, Areva produisait 9 142 tonnes d’uranium dont 41% extrait du sol nigérien : 2 700 tonnes en provenance des mines à ciel ouvert de la Somaïr et 1 075 tonnes des mines souterraines de la Cominak. Ne restera donc au 31 mars 2021 que la Somaïr qui a réduit de moitié sa production depuis 2015. Cette baisse de la production s’explique par l’épuisement des mines, mais également par leur manque de rentabilité. Le prix de l’uranium n’a cessé de s’éroder depuis l’accident de Fukushima en 2011, passant de plus de 70 dollars la livre à 20 dollars en 2019. Le pic à plus de 135 dollars en 2007 n’aura été qu’un mirage. Une inflexion soudaine qui a poussé l’ancien Areva à des investissements risqués et douteux, notamment en Namibie, avec le scandale Uramin (3 milliards d’euros perdus), mais également au Niger avec le site d’Imouraren, qui devait succéder à Arlit et Akouta. Des chiffres révisés à la baisse Suite à une étude de faisabilité achevée fin 2007, Areva avait obtenu un permis pour exploiter le gisement d’Imouraren début 2009, mais les travaux de mise en production du site sont arrêtés depuis 2014. Ce gisement à ciel ouvert de 20 km², mais de très faible teneur (0,08%), semble difficile à exploiter. Il devait produire selon les premières études (visiblement trop rapides) près de 5 000 tonnes d’uranium métal par an pendant 35 ans. Des chiffres largement révisés à la baisse par certains experts, qui parlent d’un potentiel d’à peine 50 000 tonnes. Et à la condition que les cours mondiaux se reprennent très fortement, ce qui dépend de l’avenir de l’industrie nucléaire dans le monde.

franceinfo Afrique