Brexit : les Européens en colère contre Boris Johnson, qui accuse les 27 de préparer un “blocus alimentaire” en Irlande du Nord
A la veille de la reprise de leurs négociations commerciales post-Brexit, le ton est encore monté entre Londres et les membres de l’Union européenne, dimanche 13 septembre. Samedi, Boris Johnson avait imputé à Bruxelles l’origine de l’escalade des tensions entre les deux camps. Le Premier ministre britannique avait affirmé qu’il était contraint de revenir en partie sur l’accord encadrant le Brexit face à la “menace” que l’UE instaure un “blocus alimentaire” en Irlande du Nord. “Ce n’est tout simplement pas le cas, a réagi dimanche sur Sky News la ministre irlandaise de la Justice. Toute insinuation selon laquelle cela va créer une nouvelle frontière est tout simplement fausse.” Le ministre irlandais des Affaires étrangères a lui aussi réfuté les propos de Boris Johnson, soulignant sur la BBC que l’attitude du gouvernement britannique “portait atteinte à la réputation du Royaume-Uni en tant que partenaire de confiance”.

Un projet de loi enfraignant le traité sur le Brexit voté lundi
A l’origine de la dispute se trouve un projet de loi que le gouvernement britannique a présenté mercredi au Parlement et qui contredit en partie l’accord déjà signé encadrant la sortie du Royaume-Uni de l’UE (une manoeuvre violant le droit international, du propre aveu de Boris Johnson). Ce texte controversé donnera à Londres le pouvoir de prendre unilatéralement des décisions commerciales dans sa province d’Irlande du Nord, pouvoirs censés être partagés avec les Européens selon l’accord de Brexit. Il enfreint ainsi des dispositions clés du traité conclu l’an dernier, qui vise à éviter le retour d’une frontière sur l’île d’Irlande, conformément à l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trois décennies de troubles dans la province.

“Il est temps pour le gouvernement britannique de prendre ses responsabilités”, a réagi dimanche sur Twitter le président du Conseil européen Charles Michel. Il a exhorté Londres à mettre complètement en oeuvre l’accord déjà signé car “la crédibilité internationale de la signature du Royaume-Uni est en jeu”. Les dirigeants du Parlement européen avaient menacé vendredi d’opposer leur veto à tout pacte commercial si Londres ne tenait pas ses promesses. Malgré les mises en garde européennes, Boris Johnson souhaite adopter au plus vite cette législation, entamant dès lundi l’examen du texte à la Chambre des communes, où il dispose d’une majorité de 80 sièges.

Avec Francetinfo